Presque 1000 ans d’histoire !
Au cœur du village de Sailly, la Ferme de la Cure faisait partie d’un système bien plus vaste.
La Ferme de la Cure tient son nom du fait qu’il s’agissait de la ferme destinée à nourrir les gens de la cure, c’est à dire dont le curé avait la charge. Anciennement, le versant sud du village était alors majoritairement propriété de l’église. Des coteaux calcaires à l’ouest jusqu’au prieuré à l’est de Sailly en passant par les bois alentours, c’est tout un monde qui s’organisait le long du ruisseau de la Montcient grâce à une succession de petites parcelles exploitées par la Ferme de la Cure.
Il est difficile de dater la Ferme de la Cure avec précision, mais elle faisait partie d’un ensemble plus vaste. La légende dit même que des souterrains creusés dans la roche calcaire relaient les bâtiments entre eux. L’ ancienne abbaye, devenu prieuré datait au moins du XI-ième siècle et il est fort probable que les premiers habitants s’installèrent à l’actuel emplacement de la Ferme de la Cure. Les méthodes constructives (ex : murs hourdés à la terre) renforcent cet hypothèse.

300 ans d’archives …
Lors de l’arrivée de Charles Peyrouty dans ce lieu fin 2008, de nombreuses choses avaient disparu. Les objets de valeur, les machines, les outils modernes et les engins ont déserté la ferme. Par chance, les vieux papiers, les objets anciens, ceux du quotidien et les petits « bricolages agricoles » avaient été laissé sur place.
Un travail minutieux de tri et d’analyse des documents, des objets, un croisement des données avec les archives locales, ainsi que de précieux témoignages de personnes ayant vécus dans la ferme au début XX-iéme siècle ont permis de retracer l’histoire de cette ferme en polyculture-élevage.
Le plus vieux document de la ferme atteste sous l’ancien régime de la vente d’une petite exploitation agricole par le marquis de Sailly le 14 mars 1786 alors qu’un fermier exploitant la loue et l’exploite déjà. Ce (ou ces) bâtiments sont d’ailleurs déjà représentés en 1725 puis sur le cadastre napoléonien (à partir de 1807) . Lors de la-dite vente, le seigneur de Sailly n’a pas encore de volière – certainement le pigeonnier de la ferme du colombier – alors ferme du château de Sailly – et se réserve le droit de profiter des déjections des oiseaux.
Si nous ne savons rien des surfaces cultivées, on peut supposer une certaine superficie destinée à la production céréalière, puisqu’une charreterie existe pour entreposer du matériel roulant, au moins un tombereau pour transporter le fumier, sans doute une charrue pour labourer en vue des planter des céréales et/ou de quoi transporter des hommes.
Les vaines pâtures, les parcours sur les communaux et les jachères qui entourent le village permettent de faire paître les bêtes sur des chaumes, des près, de façon libre.

Le jardin attenant permet d’améliorer le quotidien par un petit maraîchage.
On peut supposer que l’essentiel des semences sont des céréales panifiables qui fournissent de quoi faire son pain, des galettes et des bouillies (blé de mars et d’hiver, méteil, seigle, sarrasin). Pour nourrir chevaux et moutons peut-être le locataire cultive-t-il de l’orge et avoine. Lorsque la récolte n’est pas suffisante, il arrive que l’on mélange de l’orge avec le blé pour faire sa farine.
C’est une agriculture vivrière d’autosuffisance. La crainte de la disette reste très présente.
A cette époque le territoire de la paroisse est divisé par de très nombreuses parcelles.
La concentration des terres notamment pour optimiser le travail des champs en céréaliculture va s’effectuer tout au court du XIXéme siècle. Cette ferme progressera en superficie lentement tout au court du XIXéme pour finir d’une taille moyenne : 35 ha 70 ca à son maximum d’extension, superficie lors de la cessation d’activité dans les années 1970, restant alors encore avec des parcelles assez dispersées et de petites tailles.
Parmi les précieux éléments de la ferme conservés, des images « du quotidien » montrent une ferme en activité. Quelques clichés datant majoritairement de l’année 1940 ont pu être sauvés. On y retrouve les éléments structurants et encore aujourd’hui emblématiques de la Ferme de la Cure.
L’association La SEVE a aujourd’hui le bonheur et la lourde tâche de préserver, gérer et développer la Ferme de la Cure. Ce lieu à la fois discret et chargé d’histoire est réhabilité en collaboration avec les services de l’État mais surtout avec le plus grand respect pour ce bâti ancien et les vies qui l’on traversé. Depuis 2008, la Ferme de la Cure est gérée selon les principes permacoles qui prennent soin de l’existant et valorisent ce patrimoine exceptionnel.
Lors de votre venue, vous découvrirez des outils anciens, des méthodes de construction traditionnelles ; des passionnés de ce lieu, de ces techniques mais surtout des humains respectueux de cet art de vivre qui inventent d’autres façons de faire vivre ce lieu pour vous y accueillir et transmettre ces valeurs.
Le saviez-vous ?

L'origine de Sailly
Le village de Sailly tire son nom du Saule (du genre Salix / famille des Salicacées) dont on devait faire de la vannerie.
Y prenant sa source et traversant le village, le ruisseau d’environ 11km (La Montcient) devait traditionnellement inonder les premières prairies humides à l’endroit où la vallée s’élargit, favorisant ainsi la présence de saules. Délimitant les petites parcelles agricoles (souvent des pâtures), les saules étaient habituellement menés en têtards (ou trognes) fournissant régulièrement du bois pour les paniers, les bâtoirs, et autres ouvrages. Les habitants en porte encore le nom : Ce sont les saulois et les sauloises.
Tout se joue dans le Vexin
Lors de la seconde guerre mondiale, la bataille du Vexin fit plus de victimes que le débarquement de Normandie.
Verrou stratégique entre la Normandie et les portes de Paris, l’enjeu était majeur. La concentration des différentes brigades et le relief vallonné de la région ont fait de ce terrain de bataille le théâtre de combats acharnés.
Lors des raids aeriens, les habitants du village s’abritaient dans la bergerie de la Ferme de la Cure dont les murs épais de 2m devaient les protéger